Le management algorithmique : nouveau paradigme d’organisation du travail ?
Quel point commun entre les Boeing 737 Max cloués au sol à cause d’une défaillance de leur logiciel MCAS d’aide au pilotage, les applications qui permettent de se faire livrer chez soi en quelques minutes et le recours croissant d’entreprises à des solutions de recrutement 100 % automatisé en ligne ?
Il s’agit du management algorithmique. Celui-ci est en train de bouleverser le travail, son organisation et les relations entre employeurs et travailleurs.

Ces bouleversements portent des potentialités positives comme négatives. Parmi les avantages que le management algorithmique peut apporter figurent notamment l’aide à la prise de décision, l’automatisation des tâches les plus répétitives, dangereuses ou à faible valeur ajoutée, les gains de productivité ou encore l’atténuation de biais ou de risques de discriminations.
Les algorithmes sont aussi susceptibles, à l’inverse, de renforcer les effets négatifs de certaines pratiques managériales qui préexistaient à l’essor des nouvelles technologies dans l’entreprise.
Pour reprendre l’exemple du recrutement, la généralisation du télétravail, liée au Covid, a en effet conduit les entreprises à recruter des candidats entièrement à distance et à démultiplier le recours aux logiciels de recrutement fondés sur l’intelligence artificielle (IA). Ainsi la rédaction des offres d’emploi, la recherche de candidats et même leur sélection peuvent désormais être conduites de façon quasi-automatisée. Ce recours croissant à l’IA nourrit des débats sur le renforcement des discriminations à l’embauche.
Au-delà de cette illustration, si l’on combine deux expressions célèbres : « software is eating the world » (« le logiciel dévore le monde ») et « code is law » (« le code c’est la loi »), on peut imaginer que ces bouleversements n’en sont qu’à leurs débuts et qu’à terme l’influence des algorithmes pourra être considérable.
Dès lors, pour « instituer un régime de travail véritablement humain », prendre la mesure de la transformati